Biographie

Un parcours unique... (1/5 - 2/5 - 3/5 - 4/5 - 5/5)

 Victoria Abril, de son vrai nom Victorina MĂ©rida Rojas, est nĂ©e a Madrid le 4 Juillet 1959.

Son père, un castillan du nord, exerce comme Ingénieur de Pont et Chaussées au Ministère de Travaux Publics, sa mère, andalouse et d’une grande beauté, diplômée Infirmière mais qui a travaillé aussi comme Secrétaire et comme doublure de lumière des superproductions américaines des années 50 en Espagne (Le Cid, King of Kings, Pride and Passion…) pour les Studios Bronston.



Après la séparation de ses parents, c’est sa mère qui va s’occuper d’élever les trois enfants: Jesus, l’aîné, Maria Isabel et Victoria.




Entre 1963 et 1964, ils vont passer un séjour dans un tout petit village, près de la ville de Malaga, chez leur grande mère maternelle, puis retourner définitivement à Madrid avec leur mère ou ils vont grandir. Cela dit, ce court séjour à Malaga, terrain de jeux au milieu d’une nature sauvage aura marqué l’esprit espiègle et campagnard, quelque peu garçon manqué, solaire et lunatique, de la petite Victoria à différence de la sophistiquée, mélancolique, citadine Maria Isabel.


La petite Victoria se révèle être une grande sportive, à l’âge de 8 ans, elle veut déjà se préparer pour devenir gymnaste. C’est pour cette raison que sa mère l’inscrit dans L’école Nationale de Danse de Madrid, pour apprendre l’harmonie pour commencer, mais chemin faisant, Victoria va trouver dans la danse une vrai passion qui va l’accompagner tout le long de son adolescence qui forgera sa personnalité avec le sens de la discipline, la volonté de réussir, la capacité de écouter, et la sensibilité artistique.


Elle poursuivra ses études de Danse au Conservatoire National de Madrid. En 1974 elle obtiendra son diplôme. Son rêve à l’époque était d’aller à Genève et travailler dans la Compagnie National de Danse Classique, donc quand sa professeur de danse, lui a proposé vivement d’aller à l’audition que son mari, le réalisateur de cinéma, Francisco Lara Polop préparait pour trouver la protagoniste de son prochain film, selon sa femme, Victoria était tout à fait parfaite pour le rôle.

Victoria après un moment de doute, décide de se présenter et décroche le rôle, ce fut pour elle le moyen de pouvoir se financer son stage à Genève, mais elle commença à travailler et enchaîner ses projets de cinéma.



En 1976, Vicente Aranda qui a vu Victoria, dorénavant Victoria Abril, à la télévisons dans une mini serie, "LA BIEN PLANTADA" veut la rencontrer pour lui proposer le rôle de Jose Maria, le protagoniste de son prochain film "CAMBIO DE SEXO".
C’est le début d’une amitié, d’une collaboration longue de 30 ans et de films magnifiques récompenses à niveau national et international.

Mais c’est surtout le début de la prise de conscience cinématographique de Victoria, c’est avec Vicente Aranda que Victoria va apprendre à aimer le cinéma, à comprendre sa vraie dimension et elle s’appliquera comme la bonne élevé qu’elle a toujours été.


En 1977 Richard Lester la choisit pour jouer le rôle de Queen Isabella, à côté de Iam Holm dans son film Robin and Marian avec Audrey Hepburn et Sean Connerey.
Ce petit rôle va l’amener directement à la Télévision où Chicho Ibanez-Serrador la choisit pour la deuxième étape de l’émission "UN DOS TRES RESPONDA OTRA VEZ", cette émission rend à Victoria, une grande célébrité.


Le début des années 80 va donner à la carrière de Victoria, une dimension nettement International avec le tournage du film "MATER AMATISSIMA" de Jose Antonio Salgot, écrit par BIGAS LUNA.
Le film sera présenté à CANNES et la critique de l’époque est unanime pour souligner la magnifique interprétation de Victoria, alors une fille de vingt ans, dans son rôle de mère dans la trentaine d’un petit garçon autiste.


Entre 1978 en 1982 Victoria, forte de la popularité que lui a proportionnée son passage à la télévision, poursuit son évolution en tant qu’artiste.

Elle se produira au Théâtre à Madrid dans une pièce nommé "VIERNES DIAS DE LIBERTAD" et entamera une tournée nationale avec la compagnie de théâtre de Fernando Delgado avec le classique "MARIBEL Y LA EXTRANA FAMILIA", expérience qui la conduira à choisir le travail au cinéma plutôt que les planches, qu’elle trouve fatigant à cause de la routine.


Par ailleurs, dans cette même époque, elle va aussi se lancer dans la chanson. Pour cela, elle va prendre de cours de chant avec un professeur français, jadis chanteur nommé ROBERT JEANTAL, qui avait une très bonne réputation parmi les artistes, comédiens et interprètes de l’époque comme Miguel Bosé. De cette première expérience dans la chanson, Victoria très critique envers soi-même, aura du mal à se réécouter. Avec le recul, elle considère que ces chansons-là n’ont pas la qualité ni le vécu que sa maturité l’exige. Mais son travail, son effort et sa capacité de se surpasser est là. Et l’interprète qu’elle est aujourd’hui doit beaucoup à ses commencements.


De cette première expérience dans la chanson, Victoria très critique envers soi-même, aura du mal à se réécouter. Avec le recul, elle considère que ces chansons-là n’ont pas la qualité ni le vécu que sa maturité l’exige.

Mais son travail, son effort et sa capacité de se surpasser est là. Et l’interprète qu’elle est aujourd’hui doit beaucoup à ses commencements.


Parlons un peu de la personnalité de Victoria à cette époque, c’est à dire, sa jeunesse. Victoria est une fille innocente, pas du tout intellectuelle, elle aime le mouvement, l’action, elle n’est pas cinéphile, pour elle le cinéma représente le loisir, aller voir de films pour se changer les idées, pour s’amuser.

Elle n’aime pas lire non plus, son univers a été la danse, ses classes, ses profs, ses copines et sa bande d’amis du quartier, oui, c’est la fille du quartier "una chica de barrio".




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C’est précisément cette fraîcheur, cette innocence cristalline, qui va interpeller Vicente Aranda pour faire d’elle l’héroïne de ces histoires sombres, dans une sorte de jeu d’équilibriste entre la légèreté innocente un peu moqueuse de Victoria et l’univers caustique, cynique, voire ironique de Vicente Aranda. Mais aussi de ces cinéastes qui vont travailler à cette époque avec Victoria, comme Jose Antonio Salgot, ou Jean-Jacques Beneix et, plus tard la rencontre avec Mario Camus, Jaime Chavarri, Manuel Gutierre Aragon, Jaime de Arminan, Jose Luis Borau, Gonzalo Suarez, Naguisha Oshima, Agustin Diaz-Yanes, Pedro Almodovar, etc.


Ils vont tous accompagner Victoria vers sa maturité, ils vont contribuer à enrichir avec leurs références existentielles et culturelles l’univers intime de Victoria, elle deviendra cinéphile, elle veut tout voir, tout connaître sur le cinema.
Elle eprouve le besoin de se mesurer aux autres, toujours, et pour ça il faut qu’elle sache de quoi on parle. Il etait touchant pour ces cineastes et l’ensemble de l’equipe de tournage, de voir cette jeune fille sur le plato, se donner des airs de madame -qui-se-tout. Elle aura gardé cette envie de "vendre" ses idées à ses réalisateurs, idées pour la plus part judicieuses et qui auront payé sur l’ecran.


C’est la championne du contre-emploi. Il ne faut pas se tromper, derriere cette legerete, cette inocence, Victoria n’est pas un cœur simple, elle a de la profondeur, elle connaît la souffrance, mais elle n’aime pas la complaisance. C’est pour cette raison qu’elle choisit ses rôles en fonction du poids de leur caractère, c’est le "plus difficile encore", sans filet mais surtout sans pathos.
Elle va aborder le drame de ces rôles de manière comique, ça va être le leit motif et la clé de ses personnages qui vont faire histoire, comme la "Chelo" de EL LUTE, la "Luisa" de AMANTES, la "Bella" de LA LUNE DANS LE CANIVEAU, la "Marina" d’ATTACHE-MOI, la "Rebecca" de TALONS AIGUILLES, la "Gloria" de NADIE HABLARA DE NOSOTROS…, ou plus récemment la "Pura" de CARNE DE NEON, et bien d’autres.


En 1981, pendant le tournage en Portugal de LA GUERRILLERA de Pierre Kast, elle tombe amoureuse du Chef Opérateur, Gérard de Battista et ils commencent leur histoire d’amour qui va durer 15 ans. Pour Victoria c’est l’amour en majuscules, elle a vingt et un ans et lui la trentaine passée. C’est un homme cultivé, mélomane, avec un grand sens de l’humour et grand cinéphile.

Un an plus tard, la question ne se pose plus, elle est décidée, elle va quitter son cocon espagnol, et part un matin d’été dans le train vers Paris, où elle va commencer une nouvelle vie.


À Paris, elle ne jouit pas de la popularité de l’Espagne, donc elle va faire son petit chemin de comédienne comme une grande : auditions, rencontres avec les réalisateurs, agenda a la main...

Son français est loin d’être parfait, mais peut importe, il faut avancer, toujours le mouvement, toujours les défis. Et ses premiers petits rôles ne se font pas attendre, travaille avec Pierre Zucca, Frank Apprederis et Jean-Jacques Beneix lui propose le rôle de Bella dans La Lune dans le Caniveau à coté de Gérard Depardieu et Natasha Kinski.
La petite Espagnole va monter une fois de plus les marches de Cannes.


Entre 1982 et 1990, elle partage sa vie professionnelle entre la France et L’Espagne. Ce seront des années fastes au niveau du travail. La carrière de Victoria commencée en 1974 prend des allures de consécration. En Espagne, elle est considérée comme la meilleure actrice de la décennie, tous les réalisateurs veulent travailler avec elle.Victoria est complètement dévouée à son travail, enchaîne les tournages et les récompenses, la plus part deviendront de films cultes.


En 1989 elle tourne "AMANTES", dirigée par Vicente Aranda, rôle qu’elle réalise à contre-emploi, d’une maturité extraordinaire qui met en scène l’aspect humain et sublime de la nature humaine, "LUISA" veut que son jeune amant tue celle qu’il a aimé comme preuve d’amour.

L’anecdote de ce film est que Vicente voulait qui Victoria joue le rôle de la jeune fiancée de Jorge Sanz, mais Victoria, avec son intuition coutumière lui a « vendu » l’idée de jouer "LUISA", qui était plus âgée. Son travail sera récompensé a Berlin avec l’Ours d’Argent.

Victoria va enfin tourner avec Pedro Almodovar, dans un rôle écrit pour elle dans le film "ATTACHE-MOI", le premier de trois films qu’elle tournera avec Pedro.


Le tournage va se dérouler comme sur de roulettes, Victoria adore son personnage, il a tout ce qu’il faut pour elle, en plus tourner à coté d’Antonio Banderas qui a déjà été son partenaire dans plusieurs films, offre une complicité très positive aux yeux de Pedro. Le film jouira d’une promotion à niveau international, ce qui placera Victoria pour la première fois sur la scène internationale.


Les années 90 commencent pour Victoria avec un événement très attendu, la maternité, elle donne naissance à un petit garçon, Martin.

La naissance de Martin, met Victoria devant un fait accompli, elle réside en France, sa maison est là, donc il va falloir passer plus de temps en France pour s’occuper de son fils et de son couple. Elle va donc, donner priorité aux projets français, néanmoins, elle amènera son fils avec elle lors de tournages en Espagne, ou ailleurs.


En 1991, elle commence son deuxième tournage avec Pedro Almodovar, "TALONS AIGUILLES", ce film va confirmer Victoria comme une star internationale.

Pour ce rôle, Victoria se prépare intensément, elle est éprise d’un sentiment qu’elle puise au fond de ses tripes, de ses démons, c’est la première fois qu’elle fait recours à son être le plus secret, mais sans jamais tomber dans le pathos.

Le résultat et saisissant, on est emporté par l’extrême humanité de "REBECA", la beauté de sa douleur si pudique, oui, il y aurait un parallèle, celui d’Ingrid Bergman et Liv Ullman dans "SONATE D’AUTOMNE".

Évidemment à la fin du tournage Victoria est épuisée, elle a beaucoup maigri.
Le brave petit soldat qu’elle est a ses limites. Pedro est comblé de satisfaction, il a réussi a avoir Victoria à 200 pour cent.



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À partir de 1990, Victoria qui est devenue une actrice reconnue à niveau internationale, va pouvoir travailler en France, comme ce qu’on nomme aujourd’hui "une actrice bankable", Gérard Jugnot l’engage pour son film en tant que réalisateur "UNE EPOQUE FORMIDABLE", le chef opérateur n’est autre que Gérard de Battista, le film va connaître un grand succès.


Malgré le fait qu’elle travaille depuis presque vingt ans, et que sa filmographie est riche de très bons films tournés en Espagne, le public Français ne connaît que les deux films qu’elle a tourné avec Pedro.

Ce qui va provoquer, à mon humble avis, le renvoi lancé par la presse d’une image "cliché" sympathique, certes, mais réductrice par rapport au vrai talent de Victoria et qui aura pour conséquence, des rôles dans des comédies, des personnages un peu light, du genre "la petite Espagnole, spontanée, drôle, sexy, etc…".

Avec des exceptions qui ne correspondent pas à cette époque mais aux années 80: "LA LUNE DANS LE CANIVEAU" de Beneix et "L’ADDITION" de Denis Amar en 1984 qui lui aura valu d’être nommée aux CESARS.



En 1992, Victoria donne naissance Ă  son deuxieme fils Felix.


En 1993 Victoria tourne son troisième film avec Pedro Almodovar, "KIKA". Ce film est une histoire écrite par Pedro, qui dénonce en mode de satire, la tendance déjà à l’époque aux émissions de tele réalité qui exposent la brutalité et la bêtise humaines comme un spectacle, où le public participe comme au temps de romains au cirque et applaudissent ces animateurs un peu monstres. Pour ce rôle, Victoria va chercher comment construire à petits morceaux de gestes, d’intonations de voix, son personnage "ANDREA CARACORTADA".

Elle s’applique comme une écolière à apporter a Pedro ses devoirs, elle lui montre, il corrige. L’effort est énorme, sans oublier l’accoutrement de ses costumes, crées par Jean Paul Gaultier qui provoquent une énorme fatigue à Victoria, fatigue qu’elle supporte avec stoïcisme et professionnalisme extraordinaire.
Le film est moins réussi que les précédents, mais le mythe ALMODOVAR est lancé est le public est là.


Après l’effort, le réconfort, Victoria va tourner à Hollywood, un film de Barry Levinson, c’est tout un événement, le film s’appelle "JIMMY HOLLIWOOD", elle partage l’affiche avec Joe Pesci et Christian Slater, Victoria joue le rôle de la femme souffre douleurs de Joe Pesci, un acteur raté depuis belle lurette, mais qui continue à croire.


L’expérience américaine ne va pas enchanter Victoria, qui se trouve très dépaysée, tant dans l’aspect professionnel comme la citadine européenne qu’elle est.
"The american way of filming" n’est pas du tout sa tasse de thé, l’idée de prendre la voiture pour aller chercher le pain, c’est un peu étrange pour elle.


Aussi l’organisation de tournages, avec tant d’équipes, tant de monde, elle, habituée à la familiarité, aux équipes soudées, a du mal à se retrouver, sans oublier que ses partenaires Joe Pesci, et Christian Slater, se montrent plutôt inaccessibles et lui rends le travail difficile.

Heureusement, elle va amener ces deux petits bambins pour lui rendre la vie douce.


A son retour en Europe, elle va retrouver Gérard Jugnot pour le film "CASQUE BLEU", travailler en famille, au soleil dans la petite Isle de Comino à Malte, puisqu’il y aura Gérard de Battista, Chef Opérateur attitré des films de Gérard.

En 1994 Victoria tourne le film de Josiane Balasko "GAZON MAUDIT". Josiane lui a écrit un rôle sur mesure, son personnage "LOLI" est le fruit de la complicité née de l’amitié entre Josiane et Victoria. Il y a de références au pays de Victoria, de ses amis, de son couple, de ses enfants, bref de la Victoria intime. Victoria va broder cette comédie légère, en jouant un personnage qui fera sourire, pleurer et réfléchir. Il y aura aussi Gérard de Battista comme Chef Opérateur. Le film va être un vrai succès en France et à l’étranger.


En 1995 Victoria va tourner le premier long-métrage de son ami, le scénariste Agustin Diaz Yanes. Ils se sont connus en 1987, il était co-scénariste du film de Jose Luis Garcia Berlanga "BARRIOS ALTOS", depuis Victoria aura joué dans tous les films qu’il écrivait, évidemment il s’agissait de rôles écrits toujours pour Victoria ; "BATON ROUGE", "A SOLAS CONTIGO", "DEMASIADO CORAZON". Cette fois-ci, Victoria qui a beaucoup aimé l’histoire et son personnage demande à Agustin de se lancer et le réaliser.


Le film "NADIE HABLARA DE NOSOTROS CUANDO HAYAMOS MUERTO", est une histoire de rédemption, une jeune femme perdue dans sa faiblesse, va trouver avec l’aide de sa belle mère, le courage de se battre pour sa dignité. Une fois de plus, Victoria va chercher la quintessence de son personnage au plus profond de son intuition, elle va adopter ce petit bout de femme et va lui donner une force extraordinaire. Elle fera de "GLORIA" une héroïne. Le film, le réalisateur et Victoria, vont être récompensé et par le public et par la critique unanime en Espagne. Malheureusement, ce ne sera pas le cas en France, où le film à cause d’une distribution pas très efficace va passer inaperçu.


En 1996 Victoria retrouve Vicente Aranda pour tourner "LIBERTARIAS", le film raconte l’aventure de femmes libertaires qui se battent du côté des anarchistes dans le front de Teruel pendant la Guerre Civil en 1937, Victoria joue le rôle d’une femme campagnarde "illuminée", une mystique au bon milieu de la brutalité de la guerre qui va aussi joindre les colonnes anarchistes pour se battre contre le fascisme.

La complicité artistique entre Victoria et Vicente Aranda va être encore une fois au rendez-vous, Victoria "compose" son rôle avec une efficacité extraordinaire, en regardant sa performance, on se demande quel étrange lutin pourrait lui souffler à l’oreille un si étrange personnage, si loin de son vécu, mystère des mystères.


Ou peut être pas car il est vrai aussi que la personnalité de Victoria, à mi-chemin de ses 40 ans, est en train de se transformer, son regard jadis cristallin devient trouble, comme une sorte de rébellion après l’heure, elle éprouve le besoin de contester, de choquer, de ne pas nuancer ses points de vue, de prendre des risques, bref de se lâcher au plaisir de sa complexité.

Cette Ă©volution va ĂŞtre la responsable des choix artistiques que Victoria pendra Ă  partir de 1996.


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Jacques Monnet, réalisateur et ami proche de Victoria lui propose "LA FEMME DU COSMONAUTE", comédie amère sur la fin d’un couple, le désamour. Victoria joue le rôle d’Anna, femme d’un cosmonaute, femme au foyer, mère de famille, mais femme abandonnée qui évidemment va se battre pour récupérer son indépendance, son travail, sa liberté de femme aimée, mais aussi son mari, revenant vers elle en quittant la lune.

Victoria "compose" un rôle "pathologique", Anna est une femme malheureuse, excédée, bref elle a tout ce qu’il faut pour aller voir un psychiatre. Comme d’habitude Victoria cherche à saisir son personnage avec intuition, humour et la dose de légèreté nécessaire pour mieux accentuer l’aspect pathologique de son personnage, à la manière de ces actrices du cinéma réaliste italien des années 50.


En 1998 Victoria va tourner "ENTRE LAS PIERNAS", drame écrit et réalisé par Manuel Gomez Pereira, jeune réalisateur espagnol.

Victoria joue le rôle de Miranda une femme instable qui va rencontrer Javier lors d'une sexotherapie de groupe et s'attirent l’un l’autre. Javier entretient de drôles de relations avec une inconnue au téléphone. Fatalement, leur liaison les entraînera beaucoup trop loin...C’est à souligner l’interprétation extrêmement pudique de Victoria dans ce rôle si chargé de nymphomanie, pour ne pas éloigner le spectateur du vrai problème, des êtres malades et non pas malsains. C’est aussi la première fois qu’elle travaille avec Javier Bardem comme partenaire.


Cette même année, Victoria rencontre Charlotte de Turckheim, cette dernière veut lui proposer de jouer dans son circonstances "MON PERE MA MERE MES FRERES ET MES SŒURS" en discutant sur la raison d’être de cette histoire, elles découvrent qu’elles ont des circonstances familiales similaires, ce qui va lancer Victoria dans l’aventure. Le tournage qui se déroule en grand partie en Mexique, va être très agréable, avec des amis qui viennent, la compagnie de ses enfants.


Mais ce tournage va aussi nous révéler une facette oubliée de Victoria, la chanson. Elle a écrit une chanson qui s’appelle LUNA NEGRA, qui raconte ses fantasmes quant à la figure de son père, qu’elle n’a jamais connu, en raison de la séparation de ses parents. Elle s’est mise à travailler avec un ami musicien pour composer la musique, et après l’avoir fait écouter à Charlotte de Turckheim, elles ont décidé que cette chanson serait la musique du générique du film. La boucle est bouclée.

LUNA NEGRA a été le baptême de feu, cette fois-ci, Victoria est fière d’elle-même, elle découvre une autre manière de faire son métier d’artiste, elle peut composer ses thèmes de la même manière qu’elle compose ses personnages, elle cherche, elle tâte, elle peaufine, elle ressent de choses et sa voix l’accompagne.


Évidemment son prochain film "101 REYKJAVIK" elle ne pouvait pas le refuser, compte tenu de ce qui était la vision de choses de Victoria en ce moment-là, si éprise d’amour et de liberté, elle a choisi d’interpréter le rôle de LOLA, une femme du sud, professeur de flamenco, ouverte d’esprit, bisexuelle, qui mord la vie à pleine dent et qui s’installe en Islande.

Le tournage a lieu à Rekjavik et Victoria ne peu pas résister la tentation d’amener ses enfants pour leur faire connaître la beauté de cette île.

Par ailleurs l’atmosphère de travail de toute l’équipe pendant le tournage était très positive et sans conflits.
Pour Victoria, il s’agissait d’un pari réussi ou plaisir et travail ne font qu’un.


Le deuxième projet d’Agustin Diaz-Yanes, en tant que réalisateur, arrive en 2001, le film "SANS NOUVELLES DE DIEU", une très belle histoire qui se déroule entre le paradis, l’enfer et la terre et qui parle encore une fois, de rédemption, un thème cher a Agustin, dans sa qualité de professeur de philosophie, qu’il exerce, c’est un humaniste.

Le rôle de Victoria est un ange LOLA NEVADO qui mène une carrière de chanteuse jazzy très glamour, au paradis, à côté de Fanny Ardant et en enfer, sa rivale est Pénélope Cruz, elles vont se battre pour l’âme d’un boxeur qui souffre sur terre.


Pour ce rôle, Victoria va travailler sans répit, d’abord pour rechercher le modèle d’inspiration, elle va construire son personnage de chanteuse d’un savant mélange de Rita Hayworth et de Marlene Dietrich un point "pompette" comme elle dit. Une fois l’attitude trouvée, elle va travailler sa voix et les thèmes choisis, elle va enregistrer les chansons, accompagnée d’un orchestre. Pour finir elle compte avec la complicité de sa copine, Blanca Li, qui l’aide à travailler la chorographie.

Le résultat est génial, elle va être capable de chanter et danser le numéro en une seule prise.
Le réalisateur et toute l’équipe de tournage restent admiratifs devant un tel exploit. Sans oublier sa performance comme actrice. Elle est superbe.


Après cette expérience de travail, pour Victoria, c’est clair, elle veut toujours chanter, elle se sent prête à prendre ce nouveau défi.

En 2004 Carlos Saura, fait appel à Victoria, pour jouer dans son film "EL SEPTIMO DIA", écrit sur un fait divers arrivé en Extremadura, dans les années 90 qui avait provoqué des fortes réactions dû la tuerie occasionnée par une famille pour une question de vendetta. Chose peu attendue dans une Espagne démocratique et moderne, loin de clichés barbares du passé.


Le rôle de Victoria c’est la femme qui provoque sa famille à commettre le crime. Victoria pour ce rôle se donne à cœur joie, elle invente, imagine de situations extrêmes, du point de vue de tournage, dont Carlos Saura ne peut qu’applaudir.

Elle crève l’écran de sa force, de sa folie. Elle est superbe, tellement vraie, elle est l’Espagne profonde tout entière.
Elle a comme partenaires des magnifiques acteurs espagnols comme Juan Diego, José Luis Gomez et aussi José Garcia.


Puis elle enchaîne dans la comédie de Jeanne Labrune "CAUSE TOUJOURS", à côté de Jean Pierre Darrousin et Sylvie Testud, c’est une expérience très agréable, Victoria a beaucoup apprécié travailler pour Jeanne LABRUNNE et garde un très bon souvenir de son partenaire Jean Pierre Daroussin.


Elle va tourner aussi dans le premier film de Miguel Bardem, "INCAUTOS", Victoria trouve dans le scénario une approche avec le film de Stephen Frears "THE DRIFTERS", avec Angelica Huston et John Cusak, ce qui la fait accepter le rôle.

Elle a comme partenaire Federico Luppi, avec qui elle a travaillé dans le premier film de Agustin Diaz-Yanes "NADIE HABLARA DE NOSOTROS…".



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En 2005, Victoria prend la décision de produire son premier disque, pour ce premier disque, elle veut rendre hommage à un type de musique qui a bercé ses années d’adolescente dans les années 70, quant elle était cette fille du quartier, insouciante, qui s’amusait à côté de sa bande de copains dans le parc El Retiro de Madrid, son quartier, avec leurs guitares, ils chantaient et jouait le répertoire de bossa nova, des chansons de Vinicius, de Chico Buarque, de Badem Powel, de Gilberto Gil, etc.


Elle fait un travail de repérage de thèmes, soit la version originale ou de reprises.
D’abord elle choisit autour de 50, après maintes sélections, il en restera 12 thèmes définitifs.


Elle a une idée très claire de la forme et le ton de son travail, un mélange de tradition et innovation, elle veut interpréter ces thèmes à sa manière, elle a le disc dans sa tête.


Victoria propose à Javier Limon, producteur d’un travail magnifique de musique fusion FLAMENCO/CUBAINE "LAGRIMAS NEGRAS", Javier accepte enchanté l’idée qui lui propose Victoria, et ils enregistrent "PUTCHEROS DE BRASIL".

PUTCHEROS DO BRASIL, va connaître un vrai succès public, deux fois disque d’or, une tournée en France, puis une tournée internationale saluée par la critique et le public qui sera au rendez-vous entre 2005 et 2007.


En 2007 Victoria partage sa vie professionnelle entre les plateaux et les planches.

Forte de son succès musical, elle veut se remettre à travailler sur son prochain disque OLALA, une compilation de thèmes de la chanson Française, hommage au pays que l’a accueilli depuis 25 ans, mais avec des arrangements purement "flamenco", pour cela elle fait appel à son producteur Javier Limon et ils vont chercher de musiciens gitans appartenant à des familles légendaires de la musique flamenca de l’Andalousie.


Très "roots", le résultat de OLALA est cher à Victoria car c’est un parfait métissage de cultures.

Le disque est sorti en l’automne 2007. La tournée OLALA commencée à l’été 2008 en France, continue en 2009 à l’étranger avec succès pour une centaine de concerts.

Tout est au rendez-vous pour plaire à Victoria, dynamique, humour, créativité, émotions, tempérament et l’expérience unique de planches et du public.


C’est une amie de long date de Victoria, la décoratrice Lisa Lovath Smith qui lui demande en 2002 de participer à ORPHAN AID AFRIQUE, initiative de Lisa de créer à Ghana un orphelinat pour accueillir les enfants orphelins mais aussi d’assister et d’aider les mères des enfants malades, surtout du SIDA, maladie qui ravage le tiers monde.

Lisa va tout laisser pour se consacrer a cette ONG, elle s’investit complètement et n’hésite pas à chercher la collaboration de son réseau social, Victoria, marraine de cette ONG ira visiter ses filleuls en 2005, le projet est en route et cette première rencontre avec les enfants et l’ensemble de l’organisation est très émouvante pour Victoria, elle-meme mère de deux enfants qui prends la mesure de la dimension humanitaire de son implication.

Sa collaboration par des évènements ponctuels avec d’autres personnalités du milieu artistique a contribué a attirer l’attention du grand public et du milieu entrepreneurial et de cette maniéré financer ce projet de vie et d’espérance pour ces enfants du Ghana dont vous pouvez en savoir d’avantage sur son site www.oafrica.org


Quant a sa carrière professionnelle au cinéma, c’est le moment des retrouvailles avec Agustin Diaz Yanes, réalisateur de “PERSONNE NE PARLERAS DE NOUS…” qui a écrit la continuation, toujours teintée de drame et de lutte pour la survie dans l’histoire de Gloria Duque, personnage incarné par Victoria dans “PERSONNE NE PARLERAS DE NOUS…”. Le film s’appelle “SOLO PUEDO CAMINAR” avec comme partenaires, Ariadna Gil et Elena Anaya, entre autres. Et aussi avec Vicente Aranda, après 10 ans depuis leur dernier tournage “LIBERTARIAS », c’est le tour de « TIRANT LO BLANC », l’histoire épique d’un héros du moyen âge en Espagne et le rôle de Victoria est celui d’une veuve assoiffée de pouvoir et des émotions.


Antonio Banderas, à l’occasion de son deuxième long métrage en tant que réalisateur, fait appel a Victoria pour interpréter un rôle à la hauteur de la complexité et richesse du jeu de Victoria, un personnage songé par un adolescent, “la señorita del casco Cartagines”.

Il s’agit de l’adaptation d’un roman espagnol “EL CAMINO DE LOS INGLESES”, l’histoire se passe à Malaga dans les années 70.


Entre 2008 et 2010, Victoria sera au rendez-vous pour les réalisateurs auteurs de comédie français pas très politiquement corrects, tel que Jean Michel Ribes qui l’appellera pour son film “MUSEE HAUT MUSEE BAS”, comédie loufoque avec un casting chorale qui compte avec Josiane Balasko, Gérard Jugnot, Michel Blanc, Pierre Arditi et un long etcetera.

Charlotte de Turkheim fait jouer Victoria le personnage d’une aristocrate espagnole qui rot et qui pette dans son film “LES ARISTOS” et Florence Quentin voit Victoria et André Dussolier comme un drôle de couple, victimes de la société de consommation pour son film “LEUR MORALE ET LA NOTRE”.


Sans oublier Jean Pierre Mocky qui appelle Victoria pour jouer aux cotés de Dominique Lavanant le role des droles de tueuses pour un des episodes de “MR MOCKY PRESENTE”, inspiré peut être par les episodes tournés pour la television de M. HITCHCKOK.

Pierre Palmade qui a ecrit une serie d’episodes pour la television “LE GRAND RESTAURANT” sollicite la participation de Victoria pour jouer aux cotés d’Isabelle Nanty, deux amies qui, le temps d’un repas vont se plaire a un combat dialectique mortel, chaque episode donnant rendez-vous aux grands interpretes du cinema comme Gerard Depardieu, Pierre Arditi, Gerard Jugnot, Nathalie Baye, Charlotte Rampling…


En 2010 et 2011 Victoria décide de participer dans des productions pour la TV, les projets choisis ont en commun l’absence de banalité aussi bien dans l’écriture de scenario que dans la construction des personnages, il s’agit de “CLEM”, production de TF1, réalisée par Joyce Buñuel, l’histoire d’une adolescente de 16 ans qui tombe enceinte et dont la famille doit composer et faire avec, Victoria joue le rôle de sa mère.

Le premier téléfim en 2010 va faire un record d’audimat, suivront une sérié d’épisodes avec le même succès en 2011.


Toujours dans la production TV, on retrouve Victoria en 2011 dans la production pour CANAL PLUS de “LES BEAUX MECS” fiction réalisée par Gilles Bannier qui retrace le parcours d’une saga de gangsters français.

Victoria joue le rôle d’une prostitué ambitieuse et sans scrupules, Olga, elle est magnifique, séductrice et terriblement attachante.


En Espagne, Victoria retrouve Jose Luis Garcia Berlanga, réalisateur du film “BARRIOS ALTOS, que Victoria avait tourné dans les années 80 pour tourner un épisode d’une série pour le CANAL PLUS espagnol qu’il réalise : “HOSPITAL CENTRAL”.

Le rôle de Victoria est celui d’une taularde qui s’échappe de la prison et qui va être victime d’un accident qui la fait se refugier blessée dans l’hôpital, encore une fois la force du jeu de Victoria, son humanité, sa hargne vont créer un personnage “plus vrai que vrai”.


Cinq ans plus tard de son premier voyage au Ghana, Victoria retrouve le village ORPHAN AID AFRIQUE, les enfants qu’elle avait rencontré en 2005 extrêmement malades sont aujourd’hui hors du danger, bref, les efforts ont bel et bien donné ses fruits, le but humanitaire trouve son sens.

Lisa l’accueille et la fait vivre pendant quelques jours le quotidien du village.


En 2011, Victoria reçoit l’invitation de produire un tableau d’artiste qui sera mis aux enchères au profit de l’ONG qu’elle marraine, ORPHAN AID AFRICA.

Elle prends le défît et réfléchît à une oeuvre qu’elle réalise à partir de la trace de son visage sur un support de toile à la maniére de d’une “primitive print” et appelle son ami de long date, le peintre mexicain Carlos Torres pour créer une toile qui puisse habiller son image recrée, cette expérience plastique a beaucoup plu Victoria, car elle a pu retrouver l’artiste primaire qu’elle est, cherchant des expressions, des textures mais surtout une émotion laissé subtilement sur un morceau de tissu comme support.

Evidemment pour la bonne cause, celle qu’elle soutient depuis longtemps.


Suite à une rencontre lors d’un Festival de Cinéma en Macédoine, la réalisatrice Teona Strugar Mitevska propose à Victoria de tourner dans son film “LOUVES” un drame écrit par Teona, qui raconte l’histoire d’une mère qui est témoin du suicide de son fils, qui lui avoue le viol par son père.

Le film se tourne en Macédoine, Victoria joue le rôle de la mère, son personnage est habité par le drame, l’impuissance et la force vitale de la nature humaine, ce sont des traits que Victoria sait transposer à l’écran de manière tellement naturelle malgré sa complexité et elle s’est plait à le jouer jusqu’au bout.


Victoria retrouve à nouveau Charlotte de Turckheim en 2011 pour tourner la comédie qu’elle a écrit et réalisée “MINCE ALORS” qui produit Dominique Besnehard, l’histoire des femmes victimes de l’obésité qui se retrouvent dans un balnéaire pour se soigner.

Victoria joue le rôle d’une femme accro à la chirurgie esthétique et qui a été obèse, elle va travailler son rôle cherchant comme à son habitude de modèles de femmes inattendues, question de brouiller les pistes et fuir les clichés.

Elle a comme partenaires Charlotte, Lea Deware et la sublime Catherine Hosmalin.


À suivre…



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